C'est l'heure. Nous nous rendons Shanti et moi sur le tarmac et nous nous installons dans l'Embraer. Les premières lueurs du jour commencent à pointer. Nous mettons en route.
Très loin dans le soleil levant, on arrive à distinguer un peu la chaîne himalayenne. Une pointe de nostalgie me prend. Mais je reviens vite à mon travail de pilote. L'A29 n'autorise pas de faute d'inattention. Pas à deux cent cinquante nœuds.
Elle me regarde et cette fois, je sens la peur monter en elle sournoisement. C'est bien, elle doit savoir ce que c'est et surmonter ce sentiment pour continuer à être efficace.
Je me pose sur la piste en sachant très bien ce qui m'attend une fois Shanti descendu de l'avion. Si j'avais voulu fusiller notre relation, je ne m'y serai pas pris autrement. Shanti se remet doucement à l'arrière, elle souffre un peu moins.
Je rentre dans la maison, doucement. La porte de notre chambre est entrouverte et j'entends Shanti pleurer, de douleur, de colère, contre moi, mais aussi contre elle-même et elle le sait. Et plus encore que la douleur physique, la douleur de la colère lui fait mal.
Cette fille est intelligente, ça ne fait aucun doute et elle saura me donner la bonne information au bon moment. Pourtant, un certain nombre de questions demeurent dans sa tête.
En fait, il y a peu de chance que cela se produise, nous sommes en tant de paix, et les troupes ne sont pas en alerte, mais je dois faire comme si, juste au cas où.
Nous passons la frontière, fini de rire. Je plonge au ras du sol, hauteur maximum : trois cent pieds sol. Toute erreur de pilotage conduit fatalement à la mort dans ces conditions.