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Aventures au Népal
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Modérateurs:ATY001_Jacques, ATY002_Christian, ATY020_Yves, ATY029_Michel, com_press, ATY017_Yoann
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ATY020_Yves
lundi 04 mai 2015 - 01:25:54
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[Suite de l'histoire]

Nous nous réveillons, Aruna, Shanti et moi au tout petit petit matin. Il fait encore nuit sur le tarmac. Nous prenons un solide petit déjeuner et nous nous préparons pour la première branche de cette mission : Shandigarh - Pitorgarh.

Je suis fin prêt, l'avion a été préparé, à ma demande, par les militaires indiens avec qui j'ai fait connaissance de façon plus approfondie à cette occasion. Ce sont de vrais professionnels avec qui il est agréable de travailler. Ils sont plus accueillants et affables que leur collègues qu'on a rencontrés à notre arrivée en Inde.

Lors de notre premier vol en Tucano avec Shanti, je n'avais pas remarqué que la tenue de vol la rendait encore plus attirante. Par pur plaisir machiste et par tendresse aussi, je lui pose une petite claque sur les fesses. Je m'attends à une réaction d'indignation de sa part. Elle se retourne, prend ma tête entre ses deux mains et m'embrasse passionnément, baiser que je lui rends avec tout autant de passion.

C'est l'heure. Nous nous rendons Shanti et moi sur le tarmac et nous nous installons dans l'Embraer. Les premières lueurs du jour commencent à pointer. Nous mettons en route.





Nous roulons pour la piste en service et décollons cinq minutes plus tard. Le Tucano étant assez peu performant en basse couche, nous montons rapidement vers notre niveau de croisière, le cent cinquante. La clarté du jour et de plus en plus présente au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude. La jeune femme ne peut s'empêcher de décrire dans l'intercom ce qu'elle ressens devant ce spectacle.



Très loin dans le soleil levant, on arrive à distinguer un peu la chaîne himalayenne. Une pointe de nostalgie me prend. Mais je reviens vite à mon travail de pilote. L'A29 n'autorise pas de faute d'inattention. Pas à deux cent cinquante nœuds.



J'ai chargé Shanti du suivi de la navigation. C'est une tâche qu'elle maîtrise parfaitement maintenant. Je peux donc lui faire confiance. Il le faudra, lorsque nous serons au raz du sol.



Une heure de ce régime là, et nous approchons de notre première étape. Le relief est prononcé et l'approche compliquée avec un avion comme ça. Je suis concentré et vigilant. Surtout que je ne suis pas du coin, donc, je découvre. Ma navigatrice m'indique le terrain dans nos neuf heures. Je regarde et l'aperçois. Ok, donc préparation machine.



Nous arrivons en finale sur le bon plan et la piste est suffisamment longue pour ne pas prendre de précautions particulière. Nous nous posons en douceur, quoique la bande soit étroite. Puis nous amenons l'avion au parking, en face d'une petite maison proche de nous.



La préparation de notre étape par Aruna, pour la partie logistique s'avère payante. Nous sommes bien accueillis par les locaux et surtout par le propriétaire de la maison qui nous invite le temps de notre séjour ici. Nous l'en remercions vivement.

Nous prenons possession de notre logement et y déposons les affaires stockées jusque là dans la minuscule soute du Tucano. Nous commençons à ranger quand nous entendons un bruit de moteur familier et caractéristique. Nous nous précipitons dehors. Et nous avons la surprise de voir un de nos B200 qui vient de stationner juste à côté de notre propre machine. Plusieurs personnes en descendent dont Aruna. Là, pour le coup, je ne suis pas en colère, je suis furieux. Elle m'a désobéi au risque de foutre toute l'opération en l'air. Elle va m'entendre ! Et puis, qui sont tous ces gens qui l'accompagnent ? C'est pas une garden party qu'on organise, non mais !



[Suite au prochain post]

[ Édité lundi 04 mai 2015 - 01:46:18 ]
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ATY020_Yves
lundi 04 mai 2015 - 10:41:34
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Membre enregistré #43
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[Suite de l'histoire]

Shanti, qui me connait un peu, maintenant, a vite compris que la situation va dégénérer rapidement pour Aruna. Elle me retient : "Attends, mon amour, laisse-là s'expliquer, elle a peut-être une bonne raison.
- Mais...Tu la défends ! J'y crois pas !
- Tu es mon amour, et c'est mon amie. Je t'en prie, laisse lui une chance..." Je fais mine de me calmer, mais je bous à l'intérieur. Elle a intérêt à avoir de très bons arguments pour justifie sa conduite.

Je m'avance vers les gens qui marchent vers nous. Tiens, il y a Pierre et Jacques. Ce sont eux qui ont du piloter le Beech jusqu'ici. Ils me saluent en premier et continuent leur route pour saluer Shanti. Je m'approche d'Aruna. Elle sait pertinemment que je vais être quelque peu en colère, alors elle prend les devants. La meilleure défense, c'est l'attaque :"Yves, je te présente le capitaine Karan Nishra, officier de l'armée de l'air indienne, le lieutenant Madan Livni, spécialiste communication, et le lieutenant Sachin Pandya, spécialiste des opérations spéciales. Ils sont venus nous offrir leur aide, très aimablement, et avec l'accord de leur hiérarchie."

Là, je tombe de cul, il n'y a pas d'autres mots. Aruna semble avoir convaincu les autorités indiennes de nous aider dans cette affaire. C'est donc qu'ils y ont un intérêt. Lequel ? Du coup, ma colère tombe un peu. Si Aruna a réussi ça, c'est un tour de force. Elle m'explique :

"Quand j'ai demandé, pour les combinaisons anti-g, le capitaine Nishra a souhaité savoir pourquoi nous en avions besoin. Tu dois savoir que le capitaine et moi...nous sommes beaucoup...rapprochés. Je lui ai expliqué." C'est le capitaine, qui parle très bien français, qui poursuit l'explication : "Vous comprenez, il y a, entre les Chinois et les Indiens une sorte d'équilibre fragile, où les uns essaient de connaitre les intentions des autres. Cela conduit à une situation similaire à la guerre froide qui a pu avoir lieu entre l'URSS et les Etats Unis, même si ce n'est pas aussi tendu. Alors, votre opération nous intéresse, car en cas de réussite, c'est un joli pied de nez que l'Inde ferait à la Chine, secrètement, bien entendu. Nous entretenons de bonnes relations commerciales avec eux, mais chacun essaie de prendre un petit avantage sur le plan stratégique ou tactique dans le domaine militaire.
- Qu'est-ce que cela à voir avec notre mission ?
- Nous n'avons jamais eu l'occasion de pénétrer en territoire chinois par les airs sans nous faire repérer car toutes les tentatives se sont faites en jet. Votre idée de pénétrer en avion léger, turboprop qui plus est, est une option à laquelle nos chefs n'ont pas pensé. Quand je leur en ai parlé, ils m'ont tout simplement ordonné de mettre nos moyens à votre disposition pour la bonne réussite de l'opération. Nous avons pas mal d'équipement dans le Beech, dédié à cela. Nous sommes, par conséquent et dorénavant sous vos ordres, même si vous n'êtes pas militaire.
- Vous me faites un grand honneur, capitaine, mais je ne sais pas si nous auront besoin de tous ces moyens...
- C'est à vous de décider. Nous vous les proposons. Et à titre provisoire, pour toute la durée de la mission, l'armée indienne vous octroie le grade de colonel. Mais la mission doit rester secrète.
- Je ne voyais pas les choses autrement. Permettez que je remercie l'armée indienne de l'offre et de l'honneur qu'elle me fait.
- Avec votre permission, mon colonel, nous allons prendre nos quartiers et installer notre matériel. Nous avons réquisitionné un hangar, qui sera votre unité de commandement. D'autre part, les mécaniciens locaux, pour la plupart, militaire eux aussi, sont sous vos ordres pour entretenir vos avions." Les trois officiers se retirent et commencent à décharger le matériel du B200. J'ai l'impression qu'ils ont déménagé la base toute entière, vu la quantité d'équipement.

Avoir l'armée indienne dans le coup est à la fois un avantage et un inconvénient. Certes, cela signifie la légalité, aux yeux de l'Inde, de notre opération, mais cela veut dire aussi que nous allons être très surveillés, ce qui me plait moins.

Aruna me rassure : "Ils ont une revanche à prendre sur la Chine à cause de je ne sais quelle histoire d'espionnage. Ils mettront tous les moyens dont ils disposent pour que réussisse l'opération.
- Il n'empêche que tu m'as désobéi, Aruna.
- Je n'avais pas le choix. Il était hors de question que je les froisse en refusant leur offre. C'est eux qui ont eu l'idée de s'installer ici. Pas moi.
- D'accord. Il n'empêche que tu dois apprendre que dans une opération comme celle-ci, il est hors de question d'improviser. Tu es donc punie. Et ta punition, c'est que c'est toi qui sera mon officier de liaison entre eux et nous. Ce qui veut dire que tu restes au sol jusqu'à nouvel ordre. Est-ce bien clair ?
- oui, mon colonel."

En fait de punition, c'est un cadeau que je lui fait et elle le sait. J'ai compris qu'elle entretenait une relation plus que rapprochée avec le capitaine. Sa punition lui donne donc l'opportunité de voir ce dernier plus souvent.

Je retourne voir Shanti : "Où en sommes nous ? lui demandai-je.
- Pierre et Jacques s'installent avec nous, il y a suffisamment de place. Ils se tiennent à notre disposition au cas où on aurait besoin du Beech. Ils ont ramené deux trois bricoles qui pourront nous servir.
- Parfait. Donc voilà le programme : tu récupères les combinaisons anti-g, tu en mets une et tu te la fais ajuster avec l'aide des militaires. Cet après-midi, séance de voltige avec le Tucano. Tu vas souffrir pendant ce vol, autant te prévenir. Mais je préfère que tu t'y habitues tout de suite, juste au cas où. Ensuite, tu vois avec Aruna pour récupérer un photo aérienne de Yalaicun. On va voir si l'armée a les moyens de ses ambitions.
- Tu sais qu'ils vont acheter des Rafales à la France ?
- Ouais, j'en ai entendu parler. Avec ces avions, l'Inde va devenir une force aérienne de premier plan au niveau mondial. File !
- Yves ?
- Quoi ?
- Je t'aime !
- Dégage !" lui réponds-je en souriant.

L'après-midi va être chargée, mais fort intéressante...

[Suite au prochain post]

[ Édité lundi 04 mai 2015 - 11:05:20 ]
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ATY020_Yves
lundi 04 mai 2015 - 14:01:19
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ATTENTION, CE POST RISQUE D'ETRE LONG A CAUSE DU NOMBRE DE SCREENS.

[Suite de l'histoire]

Il est l'heure du repas. Je conseille à Shanti de manger léger, rapport au vol de cet après-midi. Je la préviens que ça risque de ne pas être une partie de plaisir pour elle.

"Pourquoi ? me demande-t-elle, un peu inquiète quand même.
- Tu vas subir de fortes accélérations, et tu vas avoir mal, même avec la combinaison anti-g.
- Pourquoi me fais-tu faire ce vol, si je dois en souffrir ?
- En situation de combat, j'ai besoin d'avoir une totale confiance en mon navigateur. Il doit pouvoir me dire où est l'ennemi à tout moment, et ce, dans n'importe quelle configuration que soit l'avion, et sous n'importe quel facteur de charge. Cela demande normalement un long entrainement. J'ai deux jours pour te former, alors la méthode est brutale, mais efficace. Toujours partante ? Si tu dois choisir, c'est maintenant !
- Tu ne me dissuaderas pas, Yves, j'irai jusqu'au bout !
- Ainsi soit-il !"

Son choix est fait. Ce vol, elle s'en souviendra toute sa vie. Je vais, je dois lui faire mal. Elle doit comprendre que ce n'est pas un jeu, c'est dangereux et je dois pouvoir lui faire une confiance absolue. Alors, oui, ce vol va être une véritable torture pour elle, au sens littéral du terme. Elle m'en voudra sur le moment. Après, je la crois suffisamment intelligente pour prendre sur elle et comprendre mes raisons.

Pithorgarh, 14h30. C'est l'heure. Shanti est équipée. Je l'installe à bord et lui donne mes derniers conseils : "J'ai fait enlever le manche par prudence, juste pour éviter que tu fasses une connerie. Sur ce vol, tu dois avoir une confiance absolue en ton pilote, quoiqu'il arrive. Si je crie deux fois le mot éjection, tu tires la poignée entre tes jambes sans l'ombre d'une hésitation c'est clair ?
- C'est clair !
- Autre chose : je ne te cache pas que tu vas vomir. Tu as des sacs dans cette poche. Utilises-les, mais n'oublie pas d'enlever ton masque à oxygène. Si tu vomis dedans, tu t'étouffes. Et n'oublie pas que je t'aime, si je fais cela, c'est que je n'ai pas le choix."

Elle me regarde et cette fois, je sens la peur monter en elle sournoisement. C'est bien, elle doit savoir ce que c'est et surmonter ce sentiment pour continuer à être efficace.

Je m'installe à mon tour, mets le contact et teste l'intercom. Sur ce vol, ça va être stratégique. Je dois savoir comment va la jeune femme à tout moment. Je réagirai en fonction de ça. Or le seul moyen, c'est l'intercom. "Tu me reçois, Shanti ?
- Je reçois cinq !
- Ok, alors mise en route."

Et c'est parti pour quinze à vingt minutes d'essorage intense. Je roule pour la piste en service et nous décollons dans l'axe.





Je commence par un départ au ras du relief sans trop chercher le facteur de charge pour le moment. "Shanti, tout va bien ?
- Pour l'instant, ça va ! dit-elle prudente.
- Ok alors on continue."



J'attaque les choses sérieuses par une mise dos, plus rapide que ce qu'elle a vécu lors de notre vol en Himalaya. Mais le facteur de charge reste toujours faible, à peine deux G.





J'entends la respiration de ma navigatrice s'accélérer dans l'intercom.
"Shanti, lorsque tu sens le facteur de charge, contracte tes abdos, tu en supporteras mieux les effets.
- D'accord, me fait-elle.
- Tu aimes ?
- C'est pas forcément désagréable, fait-elle en reprenant confiance en elle.
- Allez, accroche-toi, on y va pour de bon !"

Et j'entame aussi sec un tonneau barriqué à facteur de charge négatif. J'entends Shanti crier. Mais je n'en ai cure. Je continue. Je sais qu'elle est à la limite du voile rouge. Elle en a entendu parler, maintenant, elle le vit.



A la sortie du tonneau, j'attaque une montée en chandelle à grande vitesse. Six G se font sentir au moment de la ressource. Début de voile noir pour Shanti. La combinaison anti-G retarde les effets de l'accélération, mais ne les font pas disparaitre pour autant.



Quand on monte, il s'ensuit forcément une descente, ce que je fais puis retour en palier. Encore six G au compteur. Shanti crie qu'elle commence à avoir mal. Je ne réponds pas.



S'ensuit un passage bas grande vitesse (presque trois cents nœuds) dans l'axe de la piste. Shanti n'est peut plus, elle profite de la descente pour vomir une première fois. Nous arrivons en bout de piste quand elle a fini. Je ne lui laisse pas le temps de se remettre et attaque une montée brutale en affichant huit G à l'accéléromètre.









Shanti a perdu connaissance. Je fais un rétablissement souple pour lui permettre de se réveiller. Ce qu'elle fait, le cerveau étant à nouveau irrigué normalement. "Où est-ce que je suis ? Ah oui...Oh que j'ai mal !" entends-je dans l'intercom. Mais je n'ai aucune pitié et je reprends la séance là où elle en était.

La pauvre Shanti souffre le martyr, elle hurle, elle pleure, elle revomi, et elle pleure encore, tellement je la fais souffrir. En même temps, je la force à me donner certaine informations, vitesse, altitude...Je dois savoir si, même dans ces conditions elle est capable de continuer à travailler. Elle a beaucoup de mal. Je la force, lui ordonne de le faire. Alors, elle le fait. En criant à chaque évolution , mais elle le fait. En me traitant de tous les noms, m'assurant que je lui paierai ça, cette souffrance, cette torture, qu'elle me déteste, qu'elle me hait pour ce que je lui fais subir. Mais elle fait le boulot.

Je termine la séance par un tonneau au ras du relief. Shanti ne réagit même plus.



Il est temps d'arrêter. Je prends la vent arrière et calme le jeu complètement en pilotant avec douceur, ce qui n'empêche pas ma pauvre victime de vomir une dernière fois. Je prépare la machine et sors le train.



Je me pose sur la piste en sachant très bien ce qui m'attend une fois Shanti descendu de l'avion. Si j'avais voulu fusiller notre relation, je ne m'y serai pas pris autrement. Shanti se remet doucement à l'arrière, elle souffre un peu moins.



J'ai ouvert la verrière dès que possible pour permettre à la jeune femme de respirer un peu et de se calmer. Mais je sens sa colère monter. C'est normal. Il faut qu'elle l'exprime pour s'en libérer et passer à autre chose.



Une fois tout stoppé, je me débrêle, sors de l'avion et j'aide Shanti à en faire autant. Sa combinaison porte les traces de sa souffrance. Son regard n'est plus un regard d'amour, mais un regard dur de soif de vengeance. Si je lui donnais un pistolet à ce moment là, elle n'hésiterait pas à s'en servir contre moi.

A peine les pieds au sol, elle se jette sur moi pour me frapper avec le peu de forces qui lui restent. Mais épuisée par le vol, elle finit par s'abandonner dans mes bras en pleurant :

"Tu es un fumier, lâche-t-elle, tu m'as fait mal. Je te déteste." Et elle s'en va. Aruna la retrouve et tente de la consoler et de lui expliquer.

Pour ma part, je sais que ça lui passera. Ce n'est pas la première fois que je fais subir ça à un élève et ça a toujours marché. Cela prend juste plus ou moins de temps. Le seul problème, c'est que ce temps, je n'en dispose pas beaucoup. Alors, de deux choses l'une : ou Shanti surmonte l'épreuve, ou je l'éjecte de la mission. Je ne veux courir aucun risque. Ni pour moi et encore moins pour elle.

Le capitaine Nishra s'approche de moi : "Mon colonel, commence-t-il en me saluant à la manière militaire, votre vol fut époustouflant. Vous êtes pilote de chasse ?
- Disons que je l'ai été à un moment de ma vie.
- Pourquoi ne pas avoir continué ?
- Hum, c'est une longue histoire, capitaine. On va dire que je suis tombé en désaccord avec ma hiérarchie lors d'une mission. Je ne peux vous en dire plus.
- Nous vous inquiétez pas, je comprends, mais vous avez un don, c'est certain. J'aimerais avoir des pilotes comme vous dans mon escadrille.
- Je prends cela comme un compliment.
- C'en est un, soyez-en sûr. Ce sera un honneur de voler à vos côtés si l'occasion se présente.
- Effectivement, cela pourrait arriver. Merci capitaine."

Sur ces bonnes paroles, je suis aussi épuisé que Shanti, même si je le supporte mieux. Alors je vais me reposer un peu.

[Suite au prochain post]


[ Édité jeudi 07 mai 2015 - 02:35:37 ]
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ATY020_Yves
lundi 04 mai 2015 - 16:14:46
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[suite de l'histoire]

Alors que je m'apprête à rentrer dans la maison, Aruna m'en empêche :"Viens, il faut que je te parle, c'est grave.
- Je t'écoutes...
- Shanti est très en colère contre toi. Elle te déteste pour ce que tu lui as fait subir. Elle veut que tu partes, que tu rentres en France. Elle ne veut plus te revoir. Elle dit aussi qu'elle abandonne l'idée de revoir sa famille. Qu'elle le regrettera peut-être toute sa vie, mais que c'est trop dur, que jamais elle ne pourra le faire.
- Il faut que je lui parle, et je te conseille de ne pas rester dans le coin, cela risque d'être houleux.
- Tu ne vas pas...
- Non, ne t'inquiètes pas. mais il y a des mises au point qui doivent être faites. Et je vais les faire. Pour moi, sa sécurité n'a pas de prix. Alors, il faut qu'elle assume. Nous sommes allés trop loin, on ne peut plus reculer.
- Soit, mais jure-moi que tu ne lui feras pas de mal.
- Ne sois pas inquiète. Ce qu'elle a vécu durant ce vol était un enfer. Normal qu'elle accuse le coup. Après, il faut qu'elle continue à avancer, envie ou pas.
- D'accord" cède Aruna.

Je rentre dans la maison, doucement. La porte de notre chambre est entrouverte et j'entends Shanti pleurer, de douleur, de colère, contre moi, mais aussi contre elle-même et elle le sait. Et plus encore que la douleur physique, la douleur de la colère lui fait mal.

"Shanti...commençai-je d'une vois douce.
- Vas-t-en, me crie-t-elle, rentre chez toi. Tu m'as fait trop mal !
- Eh, une minute. Avant que je m'en aille, tu vas m'écouter attentivement, jeune élève !
- Pourquoi est-ce que je ferais ça après ce que toi tu m'as fait ? Tu m'as torturé dans cette avion. Je t'ai supplié d'arrêter, mais tu as continué. Tu es resté sourd à toutes mes plaintes. J'avais mal, tu comprends ? TU m'as fait mal !
- En souhaitant venir avec moi, tu as accepté les risques de cette mission.
- Oui, mais je ne m'attendais pas à ce que le risque, ce soit toi !
- Tu te trompes de cible Shanti. Ce que je t'ai fait voir durant ce vol, c'est ce qui peut se passer en mission de guerre.
- Mais nous ne sommes pas en guerre que je sache !
- Pas de ce côté de la frontière, c'est vrai. Mais une fois en territoire chinois, les choses ne sont plus les mêmes, et tu le sais.
- Tu m'as dit de te faire confiance, c'est ce que j'ai fait, et tu m'as trahie.
- Non, Shanti, je t'aurais trahie si je ne t'avais pas fait subir ça maintenant, sans le moindre risque pour nos vies, et que je t'avais emmené ainsi en territoire ennemi. Ta sécurité n'a pas de prix pour moi. Il était hors de question de sauter cette étape. Et je t'avais averti que tu allais souffrir durant ce vol.
- Pourquoi ça fait si mal ? Pourquoi j'ai si mal ? Tu y es allé trop fort !
- Non, ton corps s'en remettra, crois-moi, et rapidement, d'ici quelques heures, mais oui, en attendant, ça fait mal. J'ai de quoi alléger un peu tes souffrances physiques. Quant à ce qui se passe dans ta tête, toi seule peut faire quelque chose. Nous referons des vols comme celui-là, demain. Mais cette fois, tu le supporteras beaucoup mieux, car tu sauras à quoi t'attendre. Ce premier vol, il fallait qu'il soit violent. Voler en mission est dangereux. Nous risquons nos vies à chaque seconde. Alors l'entrainement que je te fais subir est dur. C'est même un enfer, mais je n'ai pas le choix. Comprends-le ou jette l'éponge. Mais quoiqu'il arrive et quoique tu décides, la mission continue, avec ou sans toi. Tu as jusqu'à ce soir pour te décider. Après, ce sera le capitaine qui prendra ta place. C'est un bon pilote et un excellent navigateur !"

Je mets volontairement la pression sur Shanti en lui faisant cet ultimatum. D'ailleurs, elle ne répond pas tout de suite. Je pose des anti-douleurs sur la table de nuit à côté d'elle. Elle finit par me dire, comme un dernier baroud d'honneur : "D'accord, je te donnerai ma réponse avant ce soir. En attendant, laisse-moi seule." Fin de la mise au point. Je me retire doucement, et je l'entends pleurer à nouveau en m'éloignant de la chambre.

Bon, je vais demander l'hospitalité provisoire aux militaires indiens. Ils auront bien un lit de camp pour moi. C'est donc dans le hangar que je m'octroie deux bonnes heures de repos.

[Suite au prochain post]

[ Édité lundi 04 mai 2015 - 16:24:37 ]
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ATY020_Yves
lundi 04 mai 2015 - 18:22:49
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[Suite de l'histoire]

Le lit aimablement prêté par les militaires, qui y voient aussi une marque de considération à ce qu'un officier supérieur partage leur baraquement, est plus confortable que dans mes souvenirs. Je m'y endors aisément en pensant tout de même à Shanti. j'aime cette fille. Quoique je puisse en dire. Je l'aime et je me trouverai très mal si elle venait sérieusement à me rejeter. C'est pourtant une éventualité à laquelle je me prépare. J'ai peut-être surestimé sa résistance. De toute façon, je n'ai pas très longtemps à attendre.

Deux bonnes grosses heures plus tard, on me réveille doucement. C'est le lieutenant Livni : "Mon colonel, une personne désire vous voir...en privé..." J'ouvre les yeux péniblement et aperçois Shanti à l'entrée du hangar avec deux gardes qui l'empêchent d'aller plus loin. On ne dérange pas un officier supérieur sans raison valable. "Laissez, dis-je au lieutenant, je m'en occupe." Le lieutenant fait un signe aux gardes qui laissent passer Shanti. L'officier se retire et s'arrange pour qu'aucune oreille indiscrète ne se tienne dans le secteur.

Shanti s'avance prudemment. Elle s'attend à une réaction désagréable de ma part. C'est la première fois qu'elle me craint ainsi. Décidément, elle n'a encore pas compris ce que j'attends d'elle.

Elle s'approche, timide. Elle est au bord des larmes, je vois ses traits tirés, fatigués par le vol. "Merci pour les cachets, Yves. Ils m'ont fait du bien, commence-t-elle. Mais je ne veux plus subir ça, pas comme ça, pas si ce n'est pas strictement nécessaire. Et..." Elle a du mal à finir sa phrase, je vois ses yeux s'inonder de larmes. Elle poursuit, hésitante :"Et je t'aime, et tu as promis que tu ne m'abandonnerais pas, alors pourquoi l'as-tu fait, dans cet avion ?
- Je ne t'ai jamais abandonné, Shanti. Et surtout pas dans cet avion. Ce vol, tu t'en souviendras toute ta vie comme d'un rite de passage. Une épreuve, oui. Et une dure. J'ai confiance en toi, Shanti. Tu peux, tu dois réussir. Tu te souviens, ce sont tes propres mots."

Shanti s'effondre en larmes et se jette dans mes bras :"Pardon, mon amour, pardon d'avoir douté de toi. Mais je ne sais pas si je tiendrai le coup à ce rythme là.
- Chht, doucement ma douce. Le vol de demain sera moins physique, il ne te fera pas mal. C'est un autre type d'entrainement tout aussi utile et nécessaire.
- Tu me promets que tu ne me feras plus mal comme ça ?
- Nous sommes sur une mission, Shanti. Je ne peux pas te le promettre, mais je ferai tout pour l'éviter. Et en plus, tu vas t'habituer à ces figures violentes, au fil du temps. Tu y prendra même plaisir.
- Comment peut-on prendre plaisir quand on a si mal ?
- Parce que cette douleur est le prix de la liberté. Et lorsque on a cette liberté, alors c'est un plaisir immense. Mais elle se gagne. Et tu es en train de gagner la tienne,alors ne lâche rien.
- Comment je peux faire ?
- Ce que tu fais depuis qu'on travaille ensemble. Suis mes conseils." Elle me fait un oui timide de la tête. Alors j'approche mes lèvres des siennes et l'embrasse tendrement. Elle se laisse faire, signe qu'elle ne m'en veut plus.
"As-tu déjà pris ta décision ? lui demandai-je.
- Je ne peux pas arrêter maintenant, pas après tout ce que j'ai donné et subi. Alors je continue, enfin, si tu veux bien. Je comprendrai si tu n'avais plus confiance.
- Qu'est ce qui te fait croire ça ?
- Mon comportement, là, dans l'avion, et après...c'est pas digne d'un navigateur, je le sais. J'ai dit des choses...horribles, j'ai été odieuse avec toi, après tout ce que tu m'as appris, j'ai été injuste. C'est toi qui a le droit de m'en vouloir. Alors, si tu me condamnes au sol, je l'accepterai de bonne grâce, car ça ne serait que justice.
- Shanti, je vais t'avouer quelque chose : dans cet avion, tout à l'heure, j'avais aussi mal que toi. Pas physiquement, mais j'avais mal de te voir, de t'entendre souffrir. Je ne l'ai pas fait par plaisir, et je n'ai jamais considéré que j'étais seul dans l'avion à faire des figures violentes par pur égoïsme masochiste. Il fallait que je te fasse subir ce qu'on subit lors d'un combat, alors qu'il faut garder tous ses moyens pour rester, tout simplement, en vie. Je voulais, et je veux encore que tu sois consciente et entrainée à cela."

Shanti me regarde, réfléchis et me dit une chose à laquelle je ne m'attendais pas de sa part, dans ces circonstances, après ce qu'elle a subi :

"J'ai juste, dans ces moments là, oublié quelque chose. Ne m'interromps pas s'il te plait. Je t'ai offert mon corps et mon âme en te demandant d'en faire ce que tu voulais, à condition de ne pas m'abandonner. Et je me rends compte que c'est exactement ce que tu fais. J'oublie juste par moment pourquoi tu le fais. J'ai compris que tu veux me faire grandir, me rendre plus forte. Alors...fais-le, et si la souffrance doit être le prix que je doive payer pour ça, je l'accepte, mais ne me laisse pas seule dans les moments où je souffre. Ne fais pas comme si je n'existais plus. Je suis prête à mourir pour toi. Non, attends, laisse-moi finir. D'un côté, si l'un de nous doit mourir, alors je voudrais que toi tu vives et d'un autre côté, j'espère pouvoir vivre plus longtemps que toi, pour que tu ne subisses pas la souffrance de la perte d'un être aimé. Et je suis parfaitement consciente que nous pouvons y laisser nos vies dans cette histoire. J'essaie juste de faire en sorte que cela n'influence pas trop mes choix, ou les tiens."

Devant ce discours, je reste interdit, ne sachant quoi répondre. Shanti a compris et se blottit juste dans mes bras. J'en ai les larmes aux yeux.

"Racontes-moi, finit-elle par demander au bout d'un moment, c'est quoi exactement ce vol de demain ?
- C'est un vol en radada. C'est pas violent, mais c'est dangereux. Nos vies vont dépendre de toi sur ce vol. C'est toi qui va me guider. La moindre erreur et la rencontre avec le relief nous sera fatale. Maintenant, c'est à toi de décider si tu veux le faire ou non.
- Tu...tu m'en crois vraiment capable ? Tu n'as pas peur ? Tu me fais confiance au point de remettre nos deux vies entre mes mains indignes ?
- Je vais avoir peur à chaque seconde, que ce soit avec toi ou avec quelqu'un d'autre. Mais cette peur ne m'empêche pas de faire mon boulot : piloter cet avion en sécurité avec régularité et précision. Pour le reste, c'est à toi seule de décider. Alors ?
- Et si on se plante ?
- Et si on se plantait pas ? Ça, ça dépend de toi. Tu es prête à assumer ça ?
- Dis-moi la vérité, j'en suis capable ?
- Mon amour, tu dois apprendre où sont tes propres limites et à les repousser petit à petit. Ne comptes pas sur moi pour te dire si tu es capable ou pas. Tu dois le savoir toi-même. As-tu confiance en toi ?
- Attends, c'est de nos vies dont tu parles !
- Exactement ! Te fais-tu assez confiance pour les tenir dans tes mains ?
- Mon Dieu ! Ce que tu me demandes est horrible. Tu me demandes d'être juge sur nos vies ! Je ne veux pas être juge !
- Alors tant pis. Je suis obligé de remettre ma vie entre d'autres mains.
- Le capitaine ? Hors de question !
- Tu ne me laisses pas le choix ! Il me faut un navigateur en qui j'ai une totale confiance. Si ce n'est pas toi, ce sera le capitaine.
- J'ai dit non ! T'as gagné ! Je suis aussi capable que lui de faire le boulot. Tu m'as trouvé efficace jusqu'ici, non ?
- Oui !
- Alors prends-moi comme navigatrice ! je ferai mon travail, comme tu me le demandes.
- D'accord, d'accord. Prépare une navigation en cercle autour du terrain sur un rayon de vingt cinq nautiques à basse altitude et grande vitesse. En vol, ton travail est de me guider, mais aussi de m'annoncer les trafics, c'est clair ?
- Oui, parfaitement clair. Viens dans la maison maintenant. J'ai à me faire pardonner et j'en ai très envie, même si j'ai encore un peu mal partout.
- Quand je dis que tu as de la ressource..."

L'après-midi se terminera ainsi, plus douce qu'elle n'a commencé.

[Suite au prochain post]

[ Édité lundi 04 mai 2015 - 18:23:22 ]
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ATY020_Yves
mardi 05 mai 2015 - 14:58:18
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[suite de l'histoire]

La soirée s'annonce bon enfant. Nous sommes réunis autour de la même table avec nos hôtes, bien sûr mais aussi Jacques, Pierre, Aruna, Shanti et moi-même. Nous commençons à peine l'apéritif (une idée de Jacques) que l'on frappe à la porte d'entrée. C'est ma surprise qui arrive. Enfin, c'est une surprise pour ma jeune élève, surtout.

Aruna, qui est dans le coup avec moi, va ouvrir :"Capitaine Nishra, bienvenue. Entrez, je vous prie." Le capitaine est en tenue militaire de réception. Cela lui donne une vrai prestance. Il tient une enveloppe sous son bras. Donc, il a bien reçu les documents que je lui ai demandé. Parfait, me dis-je.

"Où puis-je poser cela, demande-t-il à Aruna.
- Posez-le sur la cette table pour le moment.
- Merci. Mes respects mon colonel, me dit-il en me saluant.
- Karan, laissez tomber le grade pour ce soir, voulez-vous ? Appelez-moi Yves, nous sommes entre nous, ici.
- Merci, Yves. Mesdames, messieurs, continue-t-il à saluer.
- Je vous en prie Karan, asseyez-vous. Nous sommes honorés que vous partagiez notre repas.
- C'est un honneur pour moi."

Nous trinquons à l'amitié franco-indo-népalaise dans une franche bonne humeur. Chacun y va de sa petite anecdote aéronautique, ou de ses mésaventures. Shanti ose parler de ce qu'elle a vécu cet après-midi lors de son vol acrobatique. Karan lui répond qu'il s'agit d'un entrainement normal pour un pilote de chasse et son navigateur. Dans un jet, les corps des pilotes souffrent énormément. Et la carrière d'un pilote de combat s'arrête aux alentours de quarante ou quarante cinq ans, car le physique est épuisé. Le capitaine s'étonne d'ailleurs de me voir toujours aussi agile avec un manche dans les mains. Je lui réponds que l'entrainement de l'Armée de l'Air Française est particulièrement pointu. Ce dont il convient. Il a eu l'occasion d'effectuer récemment un stage en France sur Rafale. Il ne tarit pas d'éloges sur cet avion fantastique. L'Inde va en acquérir vingt quatre, il en très fier et il espère pouvoir être affecté dessus.

La soirée avance et nous arrivons au dessert. J’interpelle Karan :"Capitaine, c'est le moment." Il se lève alors, et va chercher l'enveloppe posée un peu plus tôt sur une table voisine. Il l'ouvre, sans toutefois en retirer encore le contenu :

"Mademoiselle Shanti Shin Seng ? La jeune femme, surprise tourne la tête pour chercher un indice parmi nous, sans rien y déceler.
- Oui, c'est moi, fait-elle inquiète.
- J'ai l'immense honneur et l'inestimable plaisir, au nom du Gouvernement Indien, de la République Française et de la République du Népal par délégation, de vous remettre votre brevet et licence de pilote professionnelle qualifiée aux instruments amendée de la qualification turbopropulseur avec les privilèges de commandant de bord"



Le capitaine reprend : "Ce diplôme et cette licence ont été établis par l'Etat Français suite à la formation et aux examens que vous avez subis par un instructeur reconnu par ledit Etat. Mademoiselle Shin Seng, je vous prie, à cette occasion, d'accepter mes sincères félicitations et une longue carrière de pilote. A titre officieux, maintenant, vous faites partie des nôtres. Bienvenue parmi nous."

Pendant tout ce discours, Shanti est restée bouche bée. Elle n'en revient pas. Pire, elle ne réalise pas ce qui lui arrive. Cela dure bien une bonne minute. Il faut que tout ça monte au cerveau, que celui-ci l'analyse et décide d'une réaction. Son regard passe du capitaine aux documents étalés maintenant devant elle puis de nouveau au capitaine. Elle n'y crois pas, et quand finalement, elle comprend, elle éclate en sanglot, de vrais larmes de joie, de bonheur.

"Mais comment...arrive-t-elle à articuler. Merci, merci mille fois." Puis au bout d'un moment, elle arrive a retrouver un peu de contenance, réfléchis quelques secondes et reprend la parole :

"Mon capitaine, mesdames, messieurs qui êtes ici, aujourd'hui avec moi, qui m'avez toujours soutenu, aidé, et même aimé, je ne pourrai jamais vous rendre le bonheur que vous me faites en cet instant. Il y a un mois seulement, je n'aurais jamais imaginé que j'arriverais à ce but que je m'étais fixé, car cela me semblait impossible. Mais avec vous, je veux croire que rien n'est impossible et vous venez de le prouver. Pour cela, suivant la tradition que m'a enseigné mon père, et je regrette un peu qu'il ne sois pas là d'ailleurs, je vous dois, à chacun de vous, une vie.
- Une minute Shanti, s'il te plait", l'interromps-je. Et je m'en vais vers la porte d'entrée, où, derrière celle-ci, m'attend quelqu'un. Je le fais entrer. Celui-ci porte volontairement un habit qui lui cache un peu le visage. Je le conduis jusqu'à notre assemblée. il se découvre alors le visage. C'est ma deuxième surprise.

En reconnaissant le visage de l'homme qui vient d'entrer, Shanti s'éffondre à nouveau en pleurs :"Papa.." arrive-t-elle juste à dire. "Mais comment...? essaye-t-elle de reprendre.
- Il est temps que j'explique, interviens-je. J'ai fait jouer les relations Atlantic-Sky pour te valider tes examens auprès des autorités françaises en accord avec les autorités indiennes et népalaises, puisque tu es née là-bas. Une fois sûr de mes démarches, j'ai appelé ton père. Je ne pouvais pas envisager cet évènement, très important pour toi, sans la présence de celui-ci."
- Et pendant tout ce temps là, tu ne m'as rien dit !
- Ah ben non, sinon c'est plus une surprise."

Lao prend sa fille dans ses bras et la serre fort :"Félicitation, ma fille. Et Yves, merci pour ce que tu as fait. Demandes-moi n'importe quoi, je te serai redevable toute ma vie pour le bonheur que tu apportes à ma fille.
- Tu ne m'es redevable de rien, Lao. Ce que Shanti a obtenu, elle l'a gagné durement, dans la douleur et la souffrance parfois. Moi, par contre je vous dois à tous beaucoup pour l'amitié et la confiance que vous m'avez donné."

Soyons clair : dans ce moment d'émotion, tout le monde a les larmes au yeux, et pourtant, j'ai encore quelque chose à accomplir avant que ne se termine cette soirée déjà riche.

"Lao, Shanti, je vous en prie, asseyez-vous, j'ai encore deux ou trois petites choses à vous dire. Pour cela, Lao, garde ta fille bien serrée dans tes bras, elle risque d'en avoir besoin." Ils obtempèrent sans rien dire, mais le regard interrogatif et inquiet de Shanti me fait penser qu'elle imagine une mauvaise nouvelle de ma part et elle s'attend au pire. J'avoue que je fais un peu de mise en scène, mais l'instant et ce que j'ai à dire le nécessitent. Je reprends :

"Lao, Shanti, ma douce. Tu le sais, je te l'ai dit: je t'aime. je t'aime plus que je n'aurais pu imaginer aimer une femme. Et je te prie de croire que je n'ai pas l'habitude de m'étaler sur ce sujet, ceux qui me connaissent te le diront. Tu m'as donné ton âme, ta confiance et ta vie sans restriction ni réserve, pour ne citer que tes propres mots. J'ai compris aussi que le mariage, pour toi, n'est pas une nécessité, mais que ce n'est pas pour cela que t'attacher à quelqu'un ne représente rien."

Je marque une pause. Aruna qui a compris et qui est encore une fois dans la confidence, me tend la petite boîte que je lui ai remise un peu plus tôt dans la soirée. En me la remettant, je vois l'émotion de notre jeune hôtesse dans ses yeux. Elle sait que cela va être un choc pour son amie. Je reprends la parole :

"Shanti, au nom de notre amour, et avec je l'espère, la bénédiction de ton père, je te prie d'accepter ce modeste présent en guise de gage de mon attachement pour toi. En prévision du vol de demain et de tous les autres vols que nous ferons ensemble, mais aussi de la vie que nous aurons ensemble, je remets la mienne entre tes mains. Ce présent est le symbole de ce don, et je serai très honoré et très heureux que tu l'acceptes."

J'ouvre la boîte de façon à ce que l'objet soit visible de Lao et de Shanti. Il s'agit d'une bague en or, représentant deux serpents entremêlés. Leurs yeux sont de tout petit diamants pur et brillent sous l'éclairage ambiant.

Le père et la fille n'arrivent plus à se détacher l'un de l'autre tant l'émotion les étreints. Ils sont comme paralysés. Au bout d'un moment, la main hésitante de Shanti s'approche de l'objet, le caresse. Les yeux de la jeune femme sont baignés de larmes. Sans dire mot, elle sort la bague de son écrin de velours et la passe à l'annulaire de sa main gauche comme si c'était une bague de mariage. Elle tente de se lever, mais l'émotion l'en empêche, elle tremble trop. Alors je m'approche d'elle, l'aide à se lever et la serre très fort dans mes bras.

"Tu n'as pas le droit, me souffle-t-elle, tu n'as pas le droit de me faire ça. Tu n'as pas le droit de me donner autant de bonheur. Je vais faire quoi maintenant ?
- M'aimer tout simplement, comme tu sais si bien le faire.
- Oh ça oui, je t'aime. Plus que ma vie, mais tu me paieras tout ce que tu me fais !
- Au centuple, jeune élève, au centuple" réponds-je en faisant allusion à une phrase qu'elle même a prononcé;

Et là, devant tout le monde, chose qu'elle n'avait jamais fait, elle m'embrasse de la façon la plus passionnée, la plus fougueuse depuis le début de notre relation.

Le capitaine et moi-même avons organisé la suite de la soirée au hangar qui nous sert de base stratégique, transformée pour l'occasion en boîte de nuit.

[suite au prochain post]

[ Édité vendredi 08 mai 2015 - 16:55:21 ]
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ATY020_Yves
mardi 05 mai 2015 - 19:46:08
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[suite de l'histoire]

La fête bat son plein dans le hangar. Tout le monde s'amuse. Cette détente apaise des moments difficiles. Et c'est tant mieux. Les militaires avec nous apprécient eux aussi cette petite fête et n'hésitent pas à venir me saluer et me remercier.

Le capitaine Karan Nishra s'avance vers moi :"Je voulais vous remercier, Yves, commence-t-il.
- Pourquoi ? fais-je.
- Pour m'avoir permis de rencontrer Aruna. Elle ne vous l'a peut-être pas clairement dit, mais nous nous aimons. Notre relation est discrète, ici, à cause de mes hommes, mais chaque fois que nous le pouvons, nous passons du temps ensemble. Me permettez-vous de vous annoncer quelque chose ?
- Bien sûr, faites...
- Euh...comment dire...Aruna et moi allons nous marier, ici, en Inde. Qu'en dites-vous ?
- Ce n'est pas à moi de juger, mais je trouve que c'est une excellente nouvelle Karan ! Mes félicitations à tous les deux !
- Euh...elle n'est pas au courant que je vous l'ai dit. Si elle vous en parle, faites comme si vous ne le saviez pas, je peux compter sur vous ?
- Oui, Karan, c'est promis. A moi de vous faire une petite confidence, professionnelle cette fois. L'opération de reconnaissance n'est qu'une étape, en fait.
- Que voulez-vous dire ?
- Le but est d'extraire la famille de Shanti du Tibet et de les mettre en sécurité, soit ici, en Inde, soit en Europe. Mais quelle que soit la destination finale, il me faudra la complicité des autorités indiennes, c'est à dire en fait la vôtre. Vous marchez ?
- Mes ordres sont clairs, Yves : vous aider dans votre mission et mettre nos moyens à votre disposition. Alors oui, je marche. Vous avez un plan ?
- Eeeeh oui et non ! il s'agit d'une quinzaine de personnes, hommes, femmes et enfants. J'avais pensé à l'hélico, mais à moins d'avoir un Puma ou un Stallion, ça ne rentrera pas. Et ces deux types d'appareil ne sont pas réputés pour être discrets ! et hors de question de faire deux voyages !
- Venez dans mon bureau, mon colonel, j'ai peut-être quelque chose à vous proposer.
- Chouette ! allons-y !"

Une fois dans son bureau, le capitaine Nishra passe deux ou trois coup de téléphone à sa hiérarchie, et aussi au ministère des armées, ce qui est plus surprenant. Qu'a-t-il en tête ?

Je ne vais pas tarder à le savoir : "Ok c'est bon ! En fait ils sont même assez content que vous ayez le culot de monter cette opération d'extraction. Voici à quoi je pense : nous allons leurrer les Chinois en leur demandant la possibilité de mener un exercice en conditions extrêmes et en territoire étranger. Officiellement, ils seront dans le coup pour participer à cet exercice conjoint, facile et donc rapide à mettre en œuvre car à petite échelle.
- Les Chinois n'accepteront jamais !
- Si, et ils ont au moins deux bonnes raisons pour cela. La police chinoise est extrêmement bien entrainée car elle a affaire à des troubles réguliers sur son territoire. Mais les militaires sont oisifs, car malgré les quelques opérations ça et là, leur entrainement est sporadique. C'est la première raison. La deuxième, c'est qu'en face d'eux, il y a nous. Nous sommes l'ennemi dont ils ne connaissent pas le niveau de préparation, et croyez-moi ou non, il est très bon. Les Chinois le savent, mais pas jusqu'à quel point. Et cet exercice serait pour eux un bon moyen de savoir où nous en sommes et ainsi décider si leur propre niveau est suffisant ou non. Bon, ça, c'est le prétexte pour poser un C17 à Lhassa en toute légalité et donc au grand jour.
- Comment on fait l'extraction ?
- Lors de l'aller, dont le départ se fera de nuit et en toute discrétion, nous ferons un crochet pour survoler Yalaicun et y larguer cinq de nos commandos avec un sac contenant des habits militaires. Ils se planqueront dans les montagnes à proximité de l'objectif en attendant le début réel de notre opération. Pour des raisons de logistique, nous demanderons à ce que l'exercice ait lieu dans cette zone. Nous ferons mine de prendre le village de Yalaicun, à la barbe des chinois, nous habillons en soldat les gens que nous voulons extraire et les enfants seront transportés discrètement dans des grands flightcases aérés pour qu'ils puissent respirer. Ils seront manipulés avec la plus grande précaution, bien entendu.
- Et si les Chinois demandent d'ouvrir les caisses ?
- Aucune chance ! matériel militaire indien top secret ! bref, on embarque tout ça par les hélicos prêtés par l'Armée Chinoise, vous voyez le comble. Jamais ils ne diront qu'ils se sont fait avoir, ils seraient la risée de toute l'Asie ! Une fois tout ce matériel à Lhassa, on charge le C17, on libère les gamins et on se replie en Inde. Opération terminée ! Qu'est-ce que vous en pensez ?
- C'est gonflé ! c'est énorme même ! Mais justement parce que c'est énorme, ça peut marcher ! Combien de temps pour mettre en place tout ça ?
- Demain matin, un C17 avec un commando complet va arriver. C'est vous qui allez les briefer, dans le plus grand secret. Pour le reste, disons...trois jours, le temps que les ministères des deux pays s'accordent."

Je réfléchis quelques instants à cette proposition, et une question me vient à l'esprit : "Comment je garde le contrôle sur l'extraction ?
- Très simple, vous aurez un hélico de commandement avec tout l'équipement nécessaire, vision thermique et tout ce qu'il faut avec.
- Bon, mais cet exercice va nous confronter avec des gens qui pourraient avoir la gâchette facile. Il pourrait y avoir des dégâts.
- Théoriquement, non. Pendant ces exercices, les armes sont chargées à blanc, sauf les soldats identifiés avec des brassards blancs, qui eux, auront des munitions réelles pour protéger les points stratégiques en cas d'attaque réelle. Mais leur nombre est réduit dans la zone. D'autre part et de ce que je sais, Yalaicun compte une toute petite garnison, disons, une vingtaine de soldats. Ceux que l'on envoie là-bas y sont pour raison disciplinaire. Donc, ils ne sont pas trop enclins à bosser, et leur attention est minimale. Il sera facile de les neutraliser.
- Je ne vois plus pourquoi je programme une reconnaissance, vous savez déjà tout de la zone.
- Nos infos datent un peu, il faudrait pouvoir les confirmer. Cette reconnaissance est donc utile.
- Ok, je maintiens la mission. Autre question, on donne le change comment ? Quinze personne qui se volatilisent, ça ne passe pas inaperçu !
- Bah, le village compte environ trois cents âmes, les soldats chinois ne s'en apercevront même pas, ou beaucoup trop tard.
- Et supposons qu'ils s'en aperçoivent ?
- Pardon d'être vulgaire, mais alors, ils passeront pour des cons ! ils vont pas aimer, mais ils ne pourront rien faire sans avouer s'être fait avoir. Retour à la case départ !
- Moi qui pensais à une opération discrète, cela devient une guerre...
- Sans mort et nous espérons sans blessés. C'est à ça que servent les exercices.
- D'accord, capitaine, banco, je veux un topo complet pour demain matin, je veux savoir exactement où je vais avant de donner le feu vert à cette opération.
- Bien, mon colonel." Alors que je m'apprête à sortir du bureau, Karan m'interpelle :

"mon colonel ?
- Oui, capitaine, autre chose ?
- Hem...oui. Vous êtes un homme bien et je suis fier de servir sous vos ordres, même si à proprement parler, vous n'êtes pas Indien.
- Merci capitaine. A propos, vos commandos, quelle confiance leur accordez-vous ?
- Totale, mon colonel. Ce sont des volontaires très bien entrainés à ce type de mission et côté discrétion, ici nous avons toujours une cour martiale, si vous voyez ce que je veux dire. D'autre part, si la mission réussit, ils toucheront une belle prime.
- Je vois : la carotte et le bâton...
- Oui, si on veut, nous savons très bien que la carotte fonctionne mieux que le bâton.
- Ok, merci pour vos réponses Karan, bonne nuit...
- Bonne nuit, Yves."

Je rejoins notre logement et notre chambre. Shanti s'est déjà mise au lit et dors profondément, épuisée par toutes ses émotions. Je me glisse à mon tour sous les draps. Elle a du sentir ma présence car elle se blottit contre moi. Je m'endors ainsi, la nuit va être courte.

[suite au prochain post]

[ Édité mercredi 06 mai 2015 - 13:54:56 ]
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ATY020_Yves
mercredi 06 mai 2015 - 16:42:30
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[suite de l'histoire]

Il fait nuit, je dors à poings fermés, Shanti toujours blottie dans mes bras. La caresse de la pointe de ses seins contre mon corps me réveille de temps à autre lorsqu'elle bouge dans son sommeil, mais je me rendors aussitôt trop épuisé pour autre chose.

Il est quatre heure et demie du matin. Sur l'aéroport d'Indira Gandhi, en zone militaire, des hommes sont bel et bien réveillés, déjà à pied d’œuvre. Il préparent un mastodonte des airs. On l'appelle le Globemaster, le maître du globe. C'est un quadriréacteur de transport de matériel et de troupes. Il est capable de transporter un char M1 Abrams n'importe où dans le monde en moins de vingt quatre heures sans escale. L'armée de l'air indienne dispose d'une dizaine de ces cachalots capables de voler à mach zéro quatre vingt cinq au niveau deux cent cinquante.

Une fois les soutes fermées, celui-ci met en route et se prépare à rouler.



Le départ de ces avions est très observé par les différents espions sur place car chaque mouvement d'un de ces monstres signifie une opération d'envergure qui se prépare ou pire, déjà lancée. Celui de ce matin n'échappe pas à la règle, et quelqu’un est déjà en train d'observer son départ aux jumelles à amplification de lumière.



Mais rien n'arrête le C17 de chez Mac Donnell-Douglas et celui-ci s'aligne et décolle pour une destination tenue secrète. Ce qu'il transporte l'est encore plus, et rien n'a filtré sur la mission qui lui est assigné. Il s'éloigne discrètement dans l'aube qui pointe.



Il n'y a pas de doute, je dors profondément. Tout d'un coup, Shanti me secoue et tape avec sa main sur ma poitrine. "Mon amour, réveille-toi, écoutes !" me dit-elle à voix basse. J'essaie d'ouvrir les yeux et ce que je vois est un rêve. Shanti est nue, posée sur ses genoux droite et attentive. Le spectacle qu'elle m'offre ainsi est...renversant tant son corps est parfait avec juste ce qu'il faut de formes arrondies aux proportions idéales. "Ecoutes, me répète-t-elle. Tu n'entends rien ?" Du coup, je tends l'oreille. Et effectivement, j'entends quelque chose, un bruit familier...Merde, c'est un bruit de réacteur. Je me lève illico, enfile un pantalon et sors en courant de la maison. Shanti me suit juste habillée d'une vague robe de chambre.

Au dessus de nos têtes, c'est une baleine volante qui passe. On a l'impression qu'il va nous tomber dessus tellement sa taille est impressionnante.



J'aperçois le capitaine et le hèle :"Bonjour mon capitaine, qu'est-ce qui se passe ?
- Mes respect mon colonel. Il a raté son approche, il refait un tour.
- C'est ça votre C17 ? C'est la première fois que j'en vois un autrement qu'en photo.
- Oui, mon colonel. Il y a cinquante de mes gars là-dedans. J'aimerais autant qu'ils arrivent entiers !
- Je vous comprends. Je vais m'habiller et je reviens.
- Prenez votre temps, mon colonel."

Je regarde Shanti en robe de chambre. Devant mon regard sévère et jaloux, elle s'empresse de rentrer et d'enfiler quelque chose de plus décent. Lorsque je la rejoins pour faire de même, elle affiche un visage radieux. Radieux et fier de m'avoir rendu jaloux. Elle sait ainsi que je ne l'aime pas seulement pour ce qu'elle a dans la tête ou dans le cœur, mais aussi pour son corps et pour une femme, où qu'on soit dans le monde, c'est important.

Une fois que nous avons repris forme conventionnelle, nous ressortons juste à temps pour voir l'approche et le posé du Globemaster. C'est inimaginable de voir atterrir un engin pareil sur une piste aussi courte que celle de Pithorgarh. Et savoir si il en redécollera et encore une autre question que je me pose.





Une fois au parking, je peux mesurer toute l'ampleur de la taille de l'avion. Je comprends pourquoi c'est un avion convoité. De plus, d'après ce que j'en sais, la charge d'emport est proprement phénoménale. L'A400M ne peut pas en faire autant, et pas aux même vitesses de croisière.

Je dois reconnaître que les Indiens sont non seulement de bons pilotes, mais qu'en plus, pour oser faire ça, ils en ont une sacré paire !



Je laisse les commandos gérer leur aménagement et retourne dans la maison prendre un solide petit déjeuner avec ma douce amoureuse. Cet après-midi, un vol stratégique pour la suite m'attend.

[Suite au prochain post]

[ Édité jeudi 07 mai 2015 - 01:55:42 ]
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ATY020_Yves
jeudi 07 mai 2015 - 01:13:20
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[suite de l'histoire]

Maintenant que les commandos sont là, plus le temps pour l'entrainement. Il faut agir et ramener les renseignements au plus vite. Donc, la mission de reconnaissance est avancée à...cet après-midi.
Il faut que je voie Karan. Je file au poste de commandement. "Capitaine, il y a du changement, commençai-je.
- Oh ? Vous annulez ?
- Non, au contraire, on accélère. J'avance la mission de reconnaissance à cet après-midi.
- C'est risqué, on a pas les autorisations de survol.
- C'était ce qui était initialement prévu. Entrer illégalement en Chine.
- Vous y allez avec le Tucano ?
- Oui, et avec mademoiselle Shin Seng.
- Ok on va le préparer un peu, alors.
- Comment ça ?
- Vous n'êtes pas à l'abri d'une attaque. On va vous rajouter quelques missiles sous les ailes, juste au cas où et on chargera les mitrailleuses. Juste de quoi vous défendre. Si vous êtes attaqué et que vous descendez un avion chinois, ils ne pourront rien dire. Par contre, si vous vous faites descendre, ils auront tôt fait d'incriminer l'Inde. C'est si facile ! Alors je vais mettre le maximum de chance de votre côté.
- Diable !
- Autre chose, on va monter un détecteur de radar passif. Il n'émet pas donc, l'ennemi ne détectera pas que vous en avez un. Mais vous, vous saurez quand un de leur radar vous détectera et surtout s'il vous accroche. Un simple balayage ne signifie pas qu'il vous a vu, mais si le signal est fixe, il se peut que ce soit une batterie sol-air, et là c'est une autre histoire.
- La parade ?
- Plongez vous cacher derrière un relief, le radar vous perdra.
- Je m'en doutais un peu.
- Le Tucano a une signature infrarouge négligeable, donc un missile IR n'a aucune chance. Mais un missile radar...
- Et pour un avion qui me poursuivrait ?
- C'est idem. Les AMRAM et les SIDEWINDER seront inefficaces, impossible de vous verrouiller. Mais un PHOENIX ou un EXOCET est quasiment sûr de vous avoir. Et là, votre atout, c'est votre maniabilité. Attendez que le missile soit à moins d'un nautique et changez de trajectoire brutalement, le missile, emporté par sa vitesse ne pourra rien.
- Merci capitaine.
- J'en connais une qui ne va pas apprécier, mon colonel.
- Yep ! Elle fera avec, plus le choix !
- Bon vol, mon colonel.
- Merci Karan."

Bien, maintenant, il faut annoncer ça à Shanti. Entretien houleux en perspective. Pas loupé :

"Quoi ? me crie-t-elle. Sans entrainement ? Et armé en plus ? Tu te moques de moi, là ?
- J'en ai l'air ? réponds-je calmement.
- Tu es fou ! Tu veux nous tuer tous les deux !
- Crois-moi, je n'en ai aucune envie.
- Alors pourquoi avancer cette mission, sans même savoir si je serai à la hauteur ?
- C'est donc ça !
- Bien sûr ! Qu'est-ce que tu croyais ? Que j'avais une confiance aveugle en moi ?
- Non, mais je crois que tu es capable de le faire.
- Et tu en es suffisamment sûr pour mettre nos vies en jeu ?
- Oui, et sans hésiter.
- C'est bien ce que je dis, tu es fou, ou extralucide pour voir l'avenir !
- Ni l'un, ni l'autre, mais je t'ai formé, et je sais ce que tu vaux dans un avion.
- J'abandonne, tu auras toujours le dernier mot. Mais j'espère que tu es conscient des risques que tu prends.
- Prépare-toi, la navigation est sur le GPS. La première partie du vol sera calme. Profites-en pour potasser le manuel du contre-radar.
- D'accord, d'accord. Je serai prête dans dix minutes.
- Super ! On se retrouve sur le tarmac. Il faut que je règle deux ou trois petites choses.
- Rien que ça ! Je vole avec un malade, au secours !" rit-elle nerveusement.

Je prépare l'avion. La batterie de roquettes guidées sous les ailes vont altérer un peu les performances, mais pas de manière trop pénalisante. Shanti arrive. Je l'aide à s'installer et m'installe à mon tour. Début de la mission, quatorze trente. Mise en route. Il y a longtemps que je n'ai pas éprouvé cet étrange sentiment qu'on pourrait ne pas revenir...



"Bon, dis-moi ce dont tu as besoin précisément, me demande Shanti.
- Que tu me guides. Je peux m'écarter de la route, à cause du relief, mais le cap moyen, c'est toi qui me le donne, ok ? Et si je m'écarte trop, tu me le dis.
- Ok.
- D'autre part, en territoire ennemi, je veux que tu aies les yeux partout, dedans et dehors. Si un zinc se pointe, je veux le savoir le plus tôt possible. Alors même si tu te trompes et que c'est un lignard, tu me le dis, c'est clair ?
- Parfaitement."

Je commence à rouler.



Puis c'est le décollage. Cette fois, nous sommes seuls. Plus le choix. on doit aller au bout de cette mission.



Shanti m'interpelle dans l'intercom : "P...., j'aurais jamais cru que je serais un jour dans un avion en pleine mission de combat. Côté adrénaline, depuis quelques jours, j'ai ma dose. Et ça risque vite de devenir une drogue cette histoire.
- Il va falloir que je t'isole des militaires, ils déteignent sur toi, et ça ne te réussit pas ! Et attends d'être revenue entière, pour dire ça !"



Nous nous éloignons de notre base. Nous y laissons des gens auxquels nous tenons l'un et l'autre. Mais en ce moment précis, nous ne pensons qu'à la mission.



[Suite au prochain post]

[ Édité jeudi 07 mai 2015 - 02:22:02 ]
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ATY020_Yves
vendredi 08 mai 2015 - 12:47:00
Dir-Tech

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[suite de l'histoire]

La première partie de la navigation de cette mission est plutôt cool. Cela permet à Shanti de reprendre confiance en elle. C'est son baptême du feu en condition de combat, et dans ce cas là, la seule solution pour éviter l'angoisse, c'est la concentration.

Cette fille est intelligente, ça ne fait aucun doute et elle saura me donner la bonne information au bon moment. Pourtant, un certain nombre de questions demeurent dans sa tête.

"Pilote, du navigateur ? appelle-t-elle.
- J'écoute...
- A quelles menaces dois-je m'attendre ? Qu'est-ce que je dois voir sur ce détecteur ?
- Ok, je vais t'expliquer : dans la zone, la Chine dispose de peu de garnisons et pas d'aérodromes à proximité, le plus proche est Lhassa. Alors pour leur défense, ils ont disposé des radars mobiles autonomes. Ils ont aussi dispersés quelques batteries sol-air. Le détecteur va t'avertir au cas où un radar nous verrait. Ces radars mobiles et les batteries sol-air ont trois modes de fonctionnement : la veille, l'alerte, et l'attaque. Pour chaque statut de ces radars, le détecteur émet un signal sonore différent. Un bip bip lent signifie qu'un radar nous a vu au moins une fois. Il s'arrête lorsqu'il nous perd. Un bip bip rapide signifie que le radar est passé en mode alerte, la rotation de son antenne est plus lente et elle est limitée à un secteur de vingt degré dans la zone de détection. Un son continu signifie qu'il nous a accroché. Il sait où nous sommes et ne nous lâchera plus à moins de perdre le signal pendant au moins trente secondes, auquel cas, il retourne en mode veille.
- Qu'est-ce qui se passe si un radar nous accroche ?
- Le radar transmet l'information aux batteries sol-air, qui vont nous traquer à leur tour. Pour qu'un tir ait lieu, il faut un accrochage d'au moins trois radars différents.
- Diable, on n'a aucune chance en cas de tir !
- Si ! les batteries sol-air, en fait, ne me font pas trop peur. Ce sont des missiles infra-rouge et la signature du Tucano est négligeable en infra-rouge comparée à celle d'un jet. Par contre, si un missile radar nous accroche, là, nous n'auront que notre maniabilité pour nous défendre.
- Je serai averti s'il y a tir ?
- Oui, le détecteur émettra un signal aigu et le missile apparaitra sur ton écran avec ses données de vitesse et de distance par rapport à nous.
- J'espère que je n'entendrai pas ce signal.
- Moi aussi ! Et le meilleur moyen est de se protéger grâce au relief ou en volant trop bas pour qu'un radar nous détecte. Signale-moi toutes les détections, même en mode veille.
- Pas de problème."

Nous commençons à attaquer la partie de la navigation où le relief est plus marqué.



Nous approchons de la frontière chinoise. Il va falloir être vigilant, voler vite afin de ne pas être identifié par un observateur au sol, mais aussi pour éviter qu'un opérateur avec un SAM portatif ne puisse ajuster sa visée et nous verrouiller. En cas de tir de ce type de missile, ça pourrait devenir problématique.



En fait, il y a peu de chance que cela se produise, nous sommes en tant de paix, et les troupes ne sont pas en alerte, mais je dois faire comme si, juste au cas où.

Nous passons la frontière, fini de rire. Je plonge au ras du sol, hauteur maximum : trois cent pieds sol. Toute erreur de pilotage conduit fatalement à la mort dans ces conditions.



Soudain Shanti m'annonce "Contact radar numéro un, mode veille, quatre-vingt nautiques au nord, il ne nous voit pas.
- Reçu, reste vigilante.
- Radar numéro deux, mode veille, cent nautique nord est, balayage rapide. Et un numéro trois cent nautique est, mode veille balayage lent.
- Surveille le numéro trois de près, c'est un radar tactique, il est susceptible de nous voir, même à cette hauteur.
- Le trois, mode alerte...non, il repasse en veille.
- Ouais, il a vu quelque chose, mais on est trop loin pour lui, il ne nous a que par intermittence. Garde un Å“il dessus.
- Reçu. J'ai un numéro quatre, quarante nautiques est.
- On s'en rapproche de celui-là.
- Accrochage, accrochage, il est verrouillé !
- Rappelles-toi, il en faut deux pour qu'il y ait tir. Ne panique pas, surveille-le, c'est tout, et regarde qu'il n'y en ait pas un autre.
- Reçu, mais c'est flippant.
- On va se cacher derrière le relief, il nous perdra et nous prendra pour un gros oiseau.
- D'accord."

Quelques minutes plus tard :"Le quatre est repassé en veille, il nous a perdu.
- Ok. Lorsqu'on arrivera sur zone, il faudra que je monte pour prendre des photos. Les radars nous détecteront, mais pas suffisamment longtemps pour faire de nous une cible valable. Alors, ton détecteur va sonner, mais ne t'affoles pas, ok ?
- Reçu."

Nous n'auront pas d'autres alertes sérieuses, jusqu'à l'arrivée sur zone. Et justement, nous approchons de notre objectif. Il est impératif que j'accélère pour éviter toute identification ennemie et surtout, tout risque de tir. Je vais effectuer trois passages pour être sûr d'avoir suffisamment de clichés.

"Shanti, je vais effectuer des montées rapides, alors si tu as trop mal, dis-le moi, ok ?
- Oui, tu peux compter sur moi !
- Et continue à surveiller le détecteur, mais regarde aussi dehors, au cas où tu verrais un zinc.
- Oui, Yves." Là, elle commence un peu à stresser. Le souvenir cuisant du vol de la veille a laissé des traces. Mais maintenant, elle sait à quoi s'attendre, donc elle fera ce qu'il faut pour ne pas trop souffrir. J'entame la reconnaissance.









"Shanti, ça va ?
- Nickel, me dit-elle, tu es beaucoup moins violent qu'hier...ou je le supporte mieux en tout cas. T'avais raison, c'est presqu'agréable !
- Super ! dans ce cas, au prochain passage, fais quelques photos, si tu n'as pas d'alerte.
- Oh, quelques radars tente de nous avoir, mais sans succès.
- Très bien, c'est ce à quoi je m'attendais."

J'entame mon dernier passage. J'aurais ainsi tous les renseignements dont nous avons besoin pour la suite. "Vas-y, me dit Shanti derrière, fonce ! de plus en plus de radars commencent à nous voir !
- Ok je finis le passage et on dégage !"







Bon, l'objectif de la mission est accompli. Maintenant, il faut quitter le territoire chinois, sans nous faire repérer, je redescends au ras du sol, et route vers le Népal à grande vitesse.



Nous passons la frontière. Le vol va pouvoir être plus calme. Nous allons nous fondre dans le trafic local. La détection n'a plus aucune importance, même si nous devons rester discret.



Puis nous approchons de Ramechhap (VNRC). Une fois posé là, nous pourrons avertir les nôtres de la réussite de la mission.





Nous voilà posé. Nous ne boudons pas notre plaisir de sortir de ce piège qui nous a secoué pendant pas loin de deux heures. Shanti quitte son casque et ouvre le haut de sa combinaison qui lui tient chaud. Comme moi, elle ne porte qu'un maillot de corps en dessous. Elle se jette sur moi, m'embrasse langoureusement et s'écrie :"On a réussi! on a réussi !". Je partage sa joie. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas replongé dans l'ambiance des missions de combat.

Nous appelons notre camp de base pour les rassurer et leur faire part du succès de la mission. J'entends des manifestation de joie au téléphone :"Rentrez dès que vous vous serez dégourdi un peu les jambes, me dit le capitaine à l'autre bout du fil. Nous avons hâte de voir les photos que vous avez prises et que vous nous racontiez tout ça de vive voix."

Le retour vers Pithorgarh se fera sans histoire. Et nous aurons bien mérité quelques heures de repos, pendant que les militaires analysent les images prises.

[suite au prochain post]

[ Édité vendredi 08 mai 2015 - 17:20:00 ]
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